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Dimanche 7 juin 2020 - Sainte Trinité Année A - Baptême d’adultes : Antoine, Didier Joseph, Danaé Gabrielle, Duygu Lucie-Geneviève et Nazik Mathilde

C’est trop beau pour ne pas être vrai !

Exode 34,4b-6.8-9 – Cantique Daniel 3,52-56 – 2 Corinthiens 13,11-13 – Jean 3,16-18

dimanche 7 juin 2020, par Marc Lambret

Nous y voilà enfin : après tant de remises à plus tard pour cause de pandémie, vous êtes parvenus au jour de votre baptême. Que cela arrive, du coup, en cette fête de la Sainte-Trinité, nous conduit à regarder en face l’effet prodigieux de ce sacrement : vous allez être admis en Dieu ! En effet, nous croyons en un seul Dieu qui n’est pas solitaire, mais trois Personnes distinctes, sans confusion ni séparation, où chacune est le don total de soi aux deux autres. Or, cette communion d’amour s’ouvre à tout homme pour l’accueillir en son sein, ce qui vous arrive aujourd’hui.

En un sens, c’est le désir profond et secret de tout être humain : être Dieu. Car l’homme en a une idée, même si c’est pour dire qu’il n’existe pas, mais cette idée est altérée par ce que la Tradition a appelé le péché originel. Le nouveau-né que nous avons tous été s’éveille à la conscience de l’extérieur sans pouvoir d’abord le distinguer de soi : donc il ramène tout à soi, sa mère et le reste, et ne peut rêver, innocent qu’il demeure, que d’une disposition totale de ce monde qu’il découvre à sa propre nature de désir et de besoin. « Que tout soit à moi et que je sois tout » est sa volonté inconsciente.

Nous restons prisonniers de cette vue infantile et misérable quand nous cédons aux tentations de l’orgueil et de l’égoïsme. Alors, quand nos désirs selon ce monde semblent sur le point d’être satisfaits, nous disons : « C’est trop beau pour être vrai ! » Et, en effet, c’est trop beau à la manière du monde pour être vrai selon Dieu. Car le péché d’origine, celui du diable, est justement de vouloir être Dieu à la place de Dieu. D’une façon qui ne peut que rester profondément mystérieuse pour nous jusqu’au jour de la pleine révélation du Christ, il refuse ce Dieu d’amour et de Don que le Fils nous révèle, pour céder à l’envie de devenir un dieu totalitaire autant que solitaire et renfermé en soi.

Ainsi, croire à la Sainte-Trinité, c’est aussitôt et par là-même être délivré du péché et recevoir Celui à qui l’on croit en accueillant l’Esprit Saint, c’est-à-dire le Don de Dieu et sa « nature » même. C’est pourquoi la profession de foi, qui inclut le renoncement préalable à Satan, à ses œuvres et à ses séductions, est inséparable du baptême dans la mort et la résurrection de Jésus Christ, offert pour notre délivrance.

C’est le sens de l’évangile que vous avez entendu : celui qui ne croit pas est déjà jugé, puisqu’il demeure sous l’emprise du diable et de son péché. Tel est notre sort à tous dans la condition de « la chute ». Mais si le Fils s’est incarné et s’est offert, ce n’est pas pour nous enfermer dans cette damnation, c’est pour nous en sortir. Il nous le rappelle afin que nous n’oubliions jamais la nécessité de sa grâce pour être délivrés du mal. Comme nous, mes amis, après le baptême vous pécherez encore. Mais aussitôt que vous le reconnaîtrez, vous serez pardonnés. Il en va pour nous comme pour le peuple de la première Alliance dont le psalmiste chante ainsi le chemin de salut :

« C’est en toi que nos Pères espéraient
Ils espéraient et tu les délivrais
Quand ils criaient vers toi, ils échappaient
En toi ils espéraient et n’étaient pas déçus »
Psaume 21/22, versets 5-6

Aujourd’hui vous entrez dans cette Alliance irrévocable en recevant les sacrements de l’initiation chrétienne : Baptême, Confirmation et Eucharistie. « Initiation » signifie que ne n’est qu’un début, un commencement. Marchez désormais en présence de Dieu qui a choisi de marcher avec son peuple. Votre nouvelle naissance vous ouvre ce chemin où l’Esprit Saint reçu dans la Confirmation sera votre guide, votre lumière et votre consolateur par le pardon et la sanctification. Vous allez recevoir le pain des forts dans l’Eucharistie pour vivre selon l’Évangile, vaillants dans le combat spirituel de chaque jour. Vous viendrez de nouveau chaque dimanche à la messe au rendez-vous de l’Église pour offrir avec vos frères les beaux fruits de votre semaine fidèle.

Ainsi, Dieu, le Vivant ouvert en lui-même, vous accueille en lui : croyez-le, vivez-le jusqu’au bout, et vous ne serez pas déçus, car la lumière du Christ nous révèle que c’est trop beau pour ne pas être vrai.