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Dimanche 21 novembre 2021 – Christ, Roi de l’Univers, Année B

L’épreuve de vérité

Daniel 7,13-14 – Psaume 92,1-2.5 – Apocalypse 1,5-8 – Jean 18,33b-37

dimanche 21 novembre 2021, par Marc Lambret

L’épreuve de vérité, vous l’avez sans doute connue, de diverses manières en certaines circonstances. Il s’agit que la personne ou la chose tienne ses promesses ou justifie ses prétentions. Ici, la vérité n’est pas une question abstraite mais elle éclate dans la confrontation avec la réalité.

En fait, beaucoup de logiciens s’accordent à trouver la notion de vérité superflue pour leur discipline. Une proposition « p » n’a pas être qualifiée de vraie ou de fausse : soit l’on pose « p », soit l’on pose « non-p », soit on ne sait pas si « p ». Dans une théorie, la seule requête logique est la cohérence. Ensuite seulement se pose la question de son adéquation, par exemple, à un phénomène physique.

Aujourd’hui, l’on assiste à un affaissement tel de la question de la vérité que même la cohérence des propos n’est plus respectée par certains. Avec arrogance, ils clament : je dis ce que je veux, croyez-le. Démontrer que le propos est plein de contradictions au point de ressortir au n’importe quoi ne sert plus à rien face au cynisme des puissants et à la crédulité volontaires de ceux qui les soutiennent. Nous avons tous tendance à croire ce qui nous plaît, mais le respect de la vérité met habituellement une limite à l’affirmation de tout ce qu’on veut. Or, les digues lâchent aujourd’hui à un point qui est littéralement affolant. Il apparaît alors plus que jamais que la raison ne peut prouver sa propre validité ni que la vie vaut d’être vécue : l’homme ne peut que prendre position à ce sujet en s’engageant lui-même dans son affirmation.

C’est pourquoi Jésus dit : « Je suis venu rendre témoignage à la vérité ». « Témoignage », en grec, c’est « martyre ». Jésus va rendre témoignage à son Père jusqu’au martyre, jusqu’au sacrifice de la croix. Il témoigne que Dieu est véridique, qu’il tient parole. C’est pourquoi « la terre, inébranlable, tient bon » comme nous l’avons chanté avec le psalmiste. Sans lui, qui pourra répondre à celui qui se demande « si la vérité n’est pas notre plus ancien mensonge » (Nietzsche) ? Et qui saura convaincre le malheureux au comble de la détresse qu’il vaut la peine de vivre sa vie ?

Que le Fils de Dieu aille jusqu’à se donner sur la croix est « folie pour les païens », c’est-à-dire pour nous tous ! Mais cette folie de Dieu s’est révélée plus sage que la sagesse des hommes, puisque elle seule donne un fondement solide à notre vie raisonnable en dépit de la violence du monde et de l’absurdité apparente, si souvent, du cours de l’histoire.

Ainsi, Jésus, en sacrifiant sa vie, porte l’humanité et le monde avec elle. Il est bien le Roi qui donne au peuple son unité et à l’univers son sens. À tous ceux qui l’ont reçu, il donne le même pouvoir royal, à sa suite, de rendre témoignage à la vérité de manière à soutenir l’humanité dans l’espérance et la Création dans l’être.

Tout seul, en effet, que suis-je ? Pauvre homme plein de faiblesses et pécheur de surcroît, de quoi pourrais-je me rendre garant par moi-même ? Comment tiendrais-je l’épreuve de vérité sans l’Esprit de celui qui a sauvé tous les hommes en donnant sa vie par amour pour eux ? Mais il est répandu en abondance sur ceux qui croient en lui, cet Esprit Saint, et il souffle même sur toute chair selon la volonté sainte de la liberté divine.

Ne mettons pas notre assurance en nous-mêmes, frères et sœurs, mais comptons sur la fidélité de celui qui nous a promis de nous donner son Esprit, afin que nous soyons rendus capables de témoigner comme lui jusqu’au bout de l’Amour de Dieu, fidèle et vainqueur dans l’épreuve de Vérité.