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Dimanche 14 avril 2024 – Troisième de Pâques Année B

Le connaissez-vous vraiment ? Avez-vous le bonheur de bien connaître Jésus ?

Actes 3,13-15.17-19 – Psaume 4,2.7.9 – 1 Jean 2,1-5a – Luc 24,35-48

dimanche 14 avril 2024, par Marc Lambret

Ma petite-nièce Philomène, trois ans à l’époque, me demande : « Oncle Marc, tu connais Jésus ? » Je prends un temps : il ne faut pas parler à la légère aux enfants, à Philomène en particulier. « Et toi, Philomène, tu le connais ? – Oh oui, répond-elle avec ferveur, je le connais ».

Comment douter que cette toute petite fille connaisse aussi bien Jésus que le vieux prêtre un peu bibliste que je suis ? Ne connaît-elle pas son père mieux que moi qui l’ai vu naître ? Des générations de fidèles plus ou moins illettrés, à commencer par les Apôtres, ont appris à le connaître si bien qu’ils sont devenus de grands saints.

Pourtant, n’est-il pas nécessaire de chercher et de trouver Jésus dans l’Écriture dont saint Jérôme nous dit que l’ignorer, c’est ignorer le Christ ? Les trois lectures de ce jours nous en parlent, chacune à sa manière ; et même la quatrième c’est-à-dire le Psaume.

D’abord, dans les Actes, Pierre reproche aux hommes d’Israël d’avoir renié Jésus, d’avoir renié le saint et le Juste. Or, on ne peut renier que quelqu’un qu’on connaît. Le présupposé est bien ici que la connaissance de l’Écriture implique celle du Messie, de Jésus le Christ.

Dans la deuxième lecture, Jean précise : « Voici comment nous savons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements. » Autrement dit, si nous mettons en pratique l’Écriture, si nous incarnons la Parole en notre vie. Pour autant que je puisse le dire, c’est ainsi que Philomène a accédé à la connaissance de Jésus : en écoutant ses parents et d’autres lui dire la Parole qu’elle a reçue dans son cœur et dans ses actes.

Comme les générations de fidèles plus ou moins illettrés dont je parlais, elle n’a pas eu besoin d’attendre de savoir lire par elle-même, car ceux qui le savaient pouvaient aussi la lui transmettre en paroles et en images, par une iconographie et une catéchèse fidèles au texte parce qu’eux-mêmes étaient fidèles à en rendre témoignage, fidèles à l’Évangile.

L’évangile, justement, nous montre Jésus ressuscité saisi par l’urgence de son rôle d’exégète pour les Apôtres, leur rappelant ce qu’il leur avait dit : « Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes ». Bien sûr, à ce moment sa perspective principale est sa Pâque, passion et résurrection, puis Ascension et envoi de l’Esprit.

Il vient d’insister sur la réalité charnelle de sa présence en se donnant à toucher et à voir, y compris en train de manger la nourriture qu’il se fait servir. Les deux aspects de cette apparition sont inséparables : la réalité de Jésus que les Apôtres ont pu voir et toucher de tous leurs sens est pour nous la même dans l’Écriture qui nous est donnée à lire en Église, et à mettre en pratique dans nos vies.

Ce qui est clairement la même chose, c’est la présence, justement, de quelqu’un qui se donne à connaître et à aimer, pour notre bonheur. Le signe et la réalité nous en sont offerts dans l’Eucharistie, à la double table de la Parole et du Pain. Ainsi que le dit le Psalmiste aujourd’hui : Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? » Sur nous, Seigneur, que s‘illumine ton visage ! Tu mets dans mon cœur plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons.

Oui, connaître Jésus est un bonheur que rien ne peut égaler et que rien ne pourra nous enlever, si nous sommes fidèles à communier aux souffrances et à la mort du Seigneur pour avoir part à sa gloire et à sa vie. Et comment nous montrer dignes de ce bonheur autrement qu’en nous montrant ardents à le partager, fidèles à la mission donnée par le Christ à son Église quand il termine son bref commentaire de l’Écriture par ces mots : « À vous d’en être témoins. »