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Vendredi 25 décembre 2009 - Jour de Noël

Sauf irréparable, notre histoire finit bien.

Isaïe 52,7-10 - Psaume 97,1-6 - Hébreux 1,1-6 - Jean 1,1-18

vendredi 25 décembre 2009, par Marc Lambret

Un avantage des histoires qui finissent mal sur celles qui finissent bien, c’est qu’elles finissent vraiment. Une mort, une rupture, un cataclysme ou une catastrophe sont des conclusions définitives. Tandis que si, à la fin, ils se marient et ont beaucoup d’enfants, que d’histoires en perspective !

Aujourd’hui nous célébrons l’irruption au milieu de notre histoire d’un commencement qui a valeur définitive. L’Église l’affirme dans sa liturgie : en prenant chair de la Vierge Marie, le Fils de Dieu s’est uni pour toujours à notre humanité. En quelque sorte, il a commis l’irréparable.

En effet, notre histoire n’est pas terminée : qui sait comment chacun de nous finira, bien ou mal ? Jésus lui-même pose la question : le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? Quoi qu’il en soit, Dieu ne pourra nous reprendre son Fils qu’il nous a donné irréversiblement !

L’incertitude de notre fin à chacun est réelle : la possibilité pour tout être humain de refuser ultimement la grâce de son salut, si impensable soit-elle, existe. Et les conséquences de tels choix individuels radicaux sur la création seraient inévitables. D’ailleurs, sans cette éventualité, notre histoire n’en serait pas une, mais seulement une fiction, une représentation.

Pourtant, il n’y a pas égalité entre le bien et le mal dans la perspective de notre fin dernière. L’Église n’a jamais déclaré personne damné, gardant l’espérance du salut pour tout être humain, tandis qu’elle a proclamé saints ou bienheureux des foules d’hommes et de femmes de toute époque et de tout lieu.

L’histoire de Jésus, à vues humaines, se termine mal : la condamnation et l’exécution du rabbi de Nazareth mettent un point final à son aventure. Mais il est ressuscité. Dans le Christ, Dieu a surmonté tous les irréparables de notre monde. C’est pour nous qu’il a ainsi ouvert la possibilité d’un chemin de vie au-delà de toute espèce de mort sur la terre.

Le dégoût de la vie, en particulier, est une forme de mort particulièrement rampante et menaçante en notre temps où les personnes, par trop “individualisées”, sont chargées du fardeau tout entier de trouver un sens à leur existence. Si l’ombre du découragement nous guette, rappelons-nous le Dieu qui a voulu épouser notre vie que nous sommes tentés de mépriser. Grâce à lui, aucune rupture de ce monde n’est plus irréparable, ni deuil, ni souffrance, ni échec ni catastrophe, rien ne pourra nous priver d’un nouvel avenir dans la naissance éternelle de Jésus.

Oui, dans l’incarnation du Fils de Dieu, l’irréparable de notre humanité tombée sous le péché est surmonté en vue d’une vie bonne qui n’aura pas de fin.